LE CARNAVAL DES ANIMAUX
L'année dernière, son scribe officiel était Frédéric Mitterrand (le Festival de Cannes), cette année le greffier suprême est Paulo Coelho (la Solitude du vainqueur), auparvant il y avait eu le grand J.G.Ballard (Supercannes) et votre serviteur (l'Egoiste romantique) : oui, le Festival de Cannes est une source d'inspiration intarissable où se sont abreuvés tous les poètes maudits du début XXIè siècle. Pourquoi ? Parce qu'il condense, en les exacerbant, toutes les tares de notre société. L'hystérie de la notoriété, la frustration des masses, la domination du paraître, la puissance de la télévision, la religion de l'hédonisme, la dictature des marques, le cinéma comme une consolation virtuelle ? Ce n'est pas un hasard si la musique officielle choisie par le Festival pour présenter les films en compétition est le Carnaval des animaux, de Camille Saint-Saens. Cannes est un zoo ! Chaque année, la sauvagerie du monde vient s'y refléter sur grand écran. Cette année au Festival de Cannes, si vous toussez, il peut y avoir un mouvement de panique porcine; des gardes du corps risquent de vous plaquer au sol pour vous mettre un masque antiseptique sur le groin. Si le sublime film de Ken Loach vous fait pleurez de joie, on vous regardera comme un crocodile dépressif. Si vous baîllez au Tarantino qui dure 2h40, on vous accusera d'être un papillon de nuit. Il faut être sur ses gardes : à Cannes, vous êtes un animal dans une cage dorée. Une actrice dévoile un pis sur les marches ? On lui en reparlera toute sa vie. Rien n'est pire qu'un lieu où il est interdit de trébucher, de flancher, d'être humain. Le plus grand festival du monde transforme les cinéphiles en ânes de Buridan, vous savez, cet animal schizophrène qui préféra se laisser mourir plutôt que de choisir entre la plage du Chacha et le Jimmy'z by Albane
LaurEnCerClée
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